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Version du 8 novembre 2018 à 16:22



Traduction du terme anglais "Sustainable development" (aussi traduit par "développement soutenable"). Ce terme est apparu dans les années 1980, comme réponse aux interrogations sur les conséquences sociales et environnementales de la croissance économique. Un temps concurrencé par le concept d'éco-développement, il l'a finalement supplanté, et est très largement utilisé aujourd'hui, dans des acceptions souvent multiples.

Le développement durable est devenu un thème de préoccupation pour la communauté internationale, au cours d'une longue de consultations.

En 1992, au cours du sommet de la Terre de Rio de Janeiro, sont proclamés les 27 principes de la déclaration de Rio sur le développement durable. Les trois piliers du développement durable sont énoncés pour la première fois au niveau international, et l'agenda 21 pour les collectivités territoriales est élaboré.

En 2002, lors du sommet de la Terre de Johannesburg, les grandes entreprises sont pour la première fois représentées.

Lors de ces rencontres, des représentants des parties prenantes (ONG, États, puis entreprises) discutent des grands enjeux mondiaux, mais aussi des modes de pilotage à mettre en place dans les collectivités et les entreprises pour décliner concrètement le concept de développement durable.

Définitions

Selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le Rapport Brundtland, le développement durable est :

« un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »

Une définition couramment admise du développement durable est orientée vers « la mise en pratique d'un certain nombre de principes contribuant à l'amélioration du bien-être, à davantage de justice sociale, au respect des écosystèmes.».

Trois ou quatre piliers du développement durable

Le développement durable est couramment représenté comme l'intersection de quatre sphères : la sphère environnementale, la sphère sociale et la sphère économique. On ajoute souvent une quatrième dimension ou sphère à cette représentation simplifiée. Celle-ci désigne souvent, sous une forme ou une autre, la fonction politique ou régulatoire : Politique, Régulation, et parfois Culture.

Ce modèle du développement durable a le mérite de souligner l'interdépendance des différents domaines, bénéficiant d'une autonomie relative (mais pas absolue) : l'environnement, l'économique, le social, voire le politique ou le culturel. Il rappelle que le développement durable ne se réduit pas à la prise en compte de l'environnement, comme on l'observe trop souvent. Pourtant, les relations entre ces dimensions doivent être analysées plus avant que cette représentation simplifiée ne le suppose.

Vers un nouveau modèle du développement durable

Ces représentations simplifiées ont subis des critiques de plusieurs parts. Le courant de l'économie écologique fait observer que l'inter-dépendance des sphères les unes par rapport aux autres, dans la perspective d'un développement durable, est asymétrique. En effet, l'environnement est la condition sine qua non des activités économiques et sociales de l'espèce humaine, l'inverse n'étant pas vérifié. Martin O'Connor propose ainsi un "modèle tétraêdrique du développement durable", qu'il construit en prolongeant les analyses de René Passet.

Dans cette optique, le développement durable est l'objet de négociations, d'arbitrages ou de délibérations, entre des choix sociaux dont aucun ne présente de solution optimale. Le développement durable apparait ainsi à beaucoup d'acteurs comme une utopie nécessaire, à la limite de choix nécessairement imparfaits.

Utilisations et citations

(extrait de l'article "Développement durable du Lexicommon)

« Le développement durable se veut un processus qui concilie les dimensions écologiques, économiques et sociales. Mais le développement durable est avant tout un projet politique, qui plus est, difficile à faire accepter, sans parler de le mettre en place. Pour les "optimistes", une réponse scientifique (moteur à hydrogène…) réglera le problème environnemental. Pour les libéraux, la raréfaction de l’air et de l’eau aura pour conséquence la création d’une offre et d’une demande sur un marché. Refuser ces deux logiques, c’est donner un contenu éthique, et non plus seulement environnemental, à la notion de développement durable. C’est faire accepter qu’un modèle de développement n’est viable à long terme que s’il ne met pas en danger les ressources naturelles, même lorsque tous en profitent. Que le développement durable est celui qui minimise les inégalités mondiales et qui assure à tous l’accès aux biens, aux services permettant de vivre décemment, ce qui inclut d’autres biens publics mondiaux que le climat : la paix, la santé, la justice… <ref>Denis Clerc, Dur, dur, le développement pour tous, Alternatives Économiques, 2003, Hors Série, n° 56, p.93 ; cité in Glossaire de l’observatoire ESS de la CRES Alsace : http://www.cres-alsace.org/observatoire/wiki/Lexique </ref> ».

« Les ritournelles du "développement durable" laissent entendre que tout peut revenir à la normale, moyennant quelques petits sacrifices pour la planète. Optimisme béat qui fait croire que fermer le robinet en se lavant les dents, manger bio, porter des tee-shirts ethniques ou faire de la poterie zen, cela suffira. Le misérabilisme social qui remplit les yeux de larmes n’aide pas plus à affûter la vision. Et la technologie avec ses promesses nano, biotech ou géniques ? Ces emplâtres ne pourront profiter à tout le monde, à cause du principe d’entropie qui appose des limites naturelles au développement technologique. Aussi et surtout, à cause de l’avidité humaine. La richesse se concentre comme jamais, au détriment de l’immense majorité qui se retrouve démunie dans les tumultes. Nous souffrons d’une perte de sens qui s’apparente à une amputation existentielle. Nous ne savons plus ce qui a de la valeur, confondant cette dernière avec le prix des choses. Ainsi le "look" ou une action spéculative ont de la valeur – mais pas une balade gratuite en forêt. Obsédés de vitesse dans une course éperdue contre le temps et la mort, nous perdons nos valeurs, ces références qui font la qualité de l’homme et de la société : solidarité, humilité, respect, patience, douceur... On en ricane aujourd’hui, quand on ne piétine pas ceux qui y croient encore. Quant aux dernières "valeurs" encore vierges – le savoir, l’accès à la connaissance –, le capitalisme tente déjà d’en verrouiller l’accès pour s’en approprier les rentes marchandes. Dans ce contexte, le développement durable peut-il encore faire partie des solutions ? <ref>Thanh Nguiem Introduction au synopsis du livre « des abeilles et des hommes », http://thanh-nghiem.fr/tiki-index.php?page=des+abeilles+et+des+hommes </ref> ».

Enfin, on parle de « consommation durable » pour désigner la déclinaison du concept de développement durable adapté aux actes de consommation de la vie quotidienne <ref>Source : Ademe, www.ademe.fr</ref>.

D’un point de vue critique, Serge Latouche écrit : « On appelle oxymore (ou antinomie) une figure de rhétorique consistant à juxtaposer deux mots contradictoires, comme « l’obscure clarté », chère à Victor Hugo, « qui tombe des étoiles... ». Ce procédé inventé par les poètes pour exprimer l’inexprimable est de plus en plus utilisé par les technocrates pour faire croire à l’impossible. Ainsi, une guerre propre, une mondialisation à visage humain, une économie solidaire ou saine, etc. Le développement durable est une telle antinomie. En 1989, déjà, John Pessey de la Banque Mondiale recensait 37 acceptions différentes du concept de « sustainable development » <ref>J. Pessey, Economic analysis of sustainable growth and sustainable development,World Bank, Environment department, working paper n° 15, 1989 </ref>. Le seul rapport Brundtland (World commission 1987) en contiendrait six différentes. François Haten, qui à la même époque en répertoriait 60, propose de classer les théories principales actuellement disponibles sur le développement durable en deux catégories, « écocentrées » et « anthropocentrées », suivant qu’elle se donnent pour objectif essentiel la protection de la vie en général (et donc de tous les êtres vivants, tout au moins de ceux qui ne sont pas encore condamnés) ou le bien-être de l’homme <ref>Christian Comeliau, Développement du développement durable, ou blocages conceptuels ?, Tiers-Monde, n° 137, Janvier-mars 1994, pp. 62-63 ; citation et paragraphe issus de : Serge Latouche, À bas le développement durable ! Vive la décroissance conviviale !, http://kropot.free.fr/Silence-decroissance.htm#Clementin </ref> ».


Références

  • René Passet : L'économique et le vivant, 1979.
  • Martin O'Connor : Le modèle Tétraêdrique du Développement Durable, septembre 2005

Autres références

Christophe Bellman, Ricardo Meléndez, Commerce international et développement durable, Voix africaines et plurielles, Éditions Charles Léopold Mayer, 2002 : http://docs.eclm.fr/pdf_livre/41.pdf

Benjamin Dessus, Stratégies énergétiques pour un développement durable, Éditions Charles Léopold Mayer, 1993 : http://docs.eclm.fr/pdf_livre/275.pdf

Nicolas Rauglaudre (de), Joël Van Cauter, Apprivoiser le temps, Approche plurielle sur le temps et le développement durable, Éditions Charles Léopold Mayer, 2003 : http://docs.eclm.fr/pdf_livre/11.pdf

Suren Erkman, Vers une écologie industrielle, Comment mettre en pratique le développement durable dans une société hyper-industrielle, Éditions Charles Léopold Mayer, 2004 : http://docs.eclm.fr/pdf_livre/285.pdf

Vincent Commenne, Responsabilité sociale et environnementale : l’engagement des acteurs économiques, Mode d’emploi pour plus d’éthique et de développement durable, Éditions Charles Léopold Mayer, 2006 : http://docs.eclm.fr/pdf_livre/314.pdf

Pierre Johnson, Commerce équitable, Propositions pour des échanges solidaires au service du développement durable, Éditions Charles Léopold Mayer, 2003 : http://docs.eclm.fr/pdf_livre/40.pdf

Élisabeth Bourguinat, Jean-Pierre Ribaut, L’Arbre et la forêt, Du symbolisme culturel… à l’agonie programmée ?, Éditions Charles Léopold Mayer, 2000 : http://docs.eclm.fr/pdf_livre/150.pdf

Ina Ranson, Repenser les territoires, Construire des perspectives communes à partir de l’échange d’expériences, Éditions Charles Léopold Mayer, 1999 : http://docs.eclm.fr/pdf_livre/262.pdf

Aurélien Boutau, Développement Durable, Quelques vérités embarrassantes, Économie & Humanisme, numéro 363, décembre 2002 : http://www.revue-economie-et-humani...

Jacques Lévy, "Parlez-vous développement durable ?", EspacesTemps.net, 23.05.2007 http://espacestemps.net/document2347.html

D. Bidou, Tous gagnants, la dynamique du développement durable. Ibis Press, 2002.

S. Brunel, Le développement durable, Que sais-je PUF, 2004.

M. Griffon, Développement durable, ensemble ?, Platyplus press, 2003.

A. Jounot, Le développement durable, collection 100 questions pour comprendre et agir, éditions AFNOR, 2004.

M. Mousel, Le pilotage du développement durable, in Mouvements N° 41, septembre/octobre 2005, pp.43-52

G.H. Bruntland, Notre avenir à tous, Éditions du fleuve, Montréal, 1987, 452 p.

Christian Chevagneux, Claude Serfati, Géraldine Froger, Isabelle Biaggiotti, Sybille Van de Hove, Dynamiques de gouvernance mondiale et développement durable, Forum pour une nouvelle Gouvernance Mondiale, 17 septembre 2011 : http://www.world-governance.org/spip.php?article703&lang=fr

René Passet, Croissance, décroissance développement (1), (N°2) : http://encyclopedie-dd.org/encyclopedie/developpement-durable/1-4-le-developpement-durable-en/croissance-decroissance.html

Quand le « développement durable » se transforme en néocolonialisme vert, BastaMag, 14 décembre 2009 : http://www.bastamag.net/article803.html?id_mot=1

Guillaume Duval, Décroissance ou développement durable ?, Alternatives Economiques, 5 décembre 2004, disponible sur le site du FNGM : http://www.world-governance.org/spip.php?article18&lang=fr

Ritimo, Dossier "Développement durable" : http://www.ritimo.org/dossiers_thematiques/developpement_durable/dd_intro.html

Projet Terri-DD, FPH, Coredem, DPH, Dossier Territoires et développement durable : Agendas 21 dans les pays francophones, 04 / 2010 : http://base.d-p-h.info/fr/dossiers/dossier-1804.html.



Liens externes

  • Développer une économie écologique, Emmanuel Prinet, 4D, 2004, disponible en pdf

Association 4D (Dossiers & Débats pour un Développement Durable) : http://www.association4d.org/ L’encyclopédie du développement durable : http://encyclopedie-dd.org/

Le compte-rendu des Nations Unies sur le Sommet de Rio : http://www.un.org/french/events/rio92/rioround.htm

L’Agenda 21 dans le détail : http://www.agora21.org/rio92/A21_html/A21_1.html

Les Agendas 21 en France : http://www.agenda21france.org/

La page « Développement durable » du ministère de l’écologie : http://www.ecologie.gouv.fr/Developpement-durable-.html

Développement, développement durable, généralités ADELS - Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale (volet « Démocratie participative » du développement durable) : www.adels.org

Agir21 (Réseau de professionnels et d’associations ; spécialiste sur les indicateurs du développement durable tels que l’empreinte écologique et le bilan carbone) : www.agir21.org

Agora 21 - Site francophone du développement durable : www.agora21.org

Comité 21 - Comité français pour l’environnement et le développement durable : www.comite21.org

Développement durable & territoires (Revue scientifique qui propose une approche interdisciplinaire du développement durable à l’échelle du territoire) : http://developpementdurable.revues.org/

Division for Sustainable Development Programmes et actions de l’ONU en vue de promouvoir le développement durable et atteindre les objectifs du millénaire (en anglais). Seule la dimension Environnement est développée. www.un.org/esa/sustdev/index.html

Eduquer au développement durable : http://www.eduquer-au-developpement-durable.com/

Iddri - Institut du Développement Durable et des Relations Internationales : www.iddri.org

Institut d’études économiques pour la décroissance soutenable : www.decroissance.org

Institut International du développement durable : www.iisd.org

Inter - Réseaux développement rural : www.inter-reseaux.org

Mediaterre - L’information mondiale francophone pour le développement durable : www.mediaterre.org/

Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement ; Ce site n’intègre pas les dimensions sociales, économiques et politiques du développement durable : http://www.developpement-durable.go...

Monde qui bouge : Le Webzine de l’éducation vers un développement durable. www.mondequibouge.be/

Planèt’ERE - Le réseau francophone des acteurs de l’éducation au Développement durable : www.planetere.org

UNEP-SC - Programme des Nations Unies pour une Consommation soutenable www.uneptie.org/fr/index.asp

Utopies - Stratégie et Développement durable : www.utopies.com

Références

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