Économie symbiotique

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L'économie symbiotique est une proposition de synthèse des principes soutenant les nouvelles approches économiques émergente, élaborée par Isabelle Delannoy. Sont considérées par l'économie symbiotique comme économies émergentes : l'économie sociale et solidaire, l'économie circulaire, l'économie écologique, l'économie collaborative et l'économie de la fonctionnalité, notamment.

L'économie symbiotique s'appuie sur 6 principes :


Les six principes de l'économie symbiotique

Une économie inscrite dans les cycles biogéochimiques et physiologiques de la planète

Du côté énergétique, les énergies renouvelables du vent, du soleil et de la chaleur de la terre sont une manifestation des multiples services rendus par les écosystèmes.


Une économie qui utilise les services rendus par les écosystèmes

L'économie symbiotique considère les écosystèmes comme des acteurs économiques à part entière et non des ressources uniquement à exploiter


Cette économie utilise les fonctions des écosystèmes. A New-York par exemple, 90 % des 10 millions d’habitants boivent l’une des eaux les plus pures et les moins chères du monde. Ils l’appellent «le champagne des Catskills». Car elle est purifiée par les écosystèmes formés par les forêts, les prés et les champs des Catskills et du Delaware au nord de l’état, là où elle est captée. C’est un modèle gagnant-gagnant : les forets préservées fournissent des activités récréatives pour la population du nord de l’état, les agriculteurs reçoivent des formations et des subsides pour se développer sans polluer et la communauté de New York réalise des économies se chiffrant en millions de dollars chaque année en ne faisant pas appel à des usines de potabilisation conventionnelles.

Prenons l’agriculture maintenant. Une nouvelle agriculture, l’agro-écologie utilise sa connaissance des écosystèmes pour remplacer les pesticides et les engrais par des associations végétales qui permettent de restaurer les sols et les paysages et d’augmenter les revenus des agriculteurs partout dans le monde, dans les zones très pauvres comme dans l’agriculture industrialisée des pays riches. Du côté de la chimie et des matériaux, les végétaux fournissent de multiples molécules à la base de matériaux de construction, de biens et objets de consommation, à la base d’une chimie, d’une cosmétique et d’une pharmacopée végétales en croissance partout dans le monde.


Une économie qui utilise de la façon la plus efficiente la matière et l’énergie

En respectant les cycles des écosystèmes et leur rythme de productivité, elle a dû développer une grande intelligence de l’utilisation de la matière et de l’énergie. Elle produit des objets au design léger, elle favorise leur réutilisation par des systèmes très organisés de réutilisation et de mutualisation. Ce sont par exemple les systèmes d’autopartage, les circuits d’économie de fonctionnalité où l’usager achète les services rendus par les biens de consommation et d’équipement et non plus les objets eux-mêmes. Les industriels de cette économie s’y démarquent dans la production d’objets robustes et dans l’évolution de leur métier vers une part grandissante de services. Lorsque la facilité d’usage est de la partie, les utilisateurs se font rapidement très nombreux : ils réalisent des économies substantielles tout en ayant accès à une gamme de produits et de services plus variée qu’en en étant possesseur.

Au niveau des infrastructures, ces pionniers développent des circuits de réutilisation de l’énergie et de la matière. Les déchets des ménages, des commerces, des industries, des collectivités, des agriculteurs, peuvent par exemple être la source de production de biogaz qui rejoint les circuits de distribution existants ou alimentent une flotte de transports en commun. Des salles de serveurs informatiques peuvent être refroidis en transférant leur chaleur à des bureaux ou des habitations. Des composés électroniques réutilisent même la chaleur qu’ils émettent en la retransformant en électricité.

Cette économie est ainsi positive du point de vue du carbone car en se basant sur les énergies renouvelables et en restaurant les écosystèmes, elle est pauvre en émissions et riche en absorption. Elle crée ainsi de la richesse et de la prospérité tout en stockant plus de carbone qu’elle en émet. Elle fournit des molécules biodégradables et offre une alternative à la multiplication des substances toxiques non biodégradables. Elle tend vers le zéro déchets et zéro polluants. Elle élimine de sa chaine de valeur les molécules toxiques par substitution technique, organisationnelle, par immobilisation ou par dégradation. Elle permet ainsi une réinscription progressive dans l’ensemble des cycles biogéochimiques de la planète et nous ouvre l’espoir de leur stabilisation.

Une économie collaborative

Pour réaliser cet usage optimal de la matière et de l’énergie, la coopération, le partage des données et des connaissances, et la mutualisation sont le mode d’organisation dominant. Ils remplacent l’énergie et la matière par l’intelligence. Ils donnent une large part à l’utilisation d’Internet. C’est l’Internet des personnes dans les formes de consommation partagées. C’est l’Internet des objets dans le développement croissant des systèmes électriques intelligents qui permettent de réduire les gaspillages énergétiques, de répartir le stockage de l’électricité sur un territoire et de diminuer les besoins de production à la source. C’est aussi l’Internet des systèmes, comme on peut le voir dans les projets de recherche nécessitant de grandes puissances de calcul, qui font appel à la mutualisation des capacités informatiques de tout un chacun qui souhaite y participer.

Cet esprit de coopération est au coeur de la multiplication des initiatives locales que l’on peut voir par exemple, dans l’émergence des monnaies complémentaires dans des buts de développement et de soutien des acteurs locaux, dans la multiplication des réseaux d’échanges pérennes et directs entre des agriculteurs et des familles, ou encore dans le succès des jardins partagés et plus récemment des villes comestibles où les habitants d’un quartier se groupent pour valoriser les espaces publics en potagers accessibles à tous. Des grands groupes industriels au plus petit des territoires, le choix de la coopération pour améliorer l’efficacité en matière et en énergie, et accroître la disponibilité en produits de consommation courante est en progression fulgurante.


Une économie diversificatrice

La diversité est au coeur de ce système économique. C’est en effet la présence d’une diversité élevée d’écosystèmes qui permet d’assurer l’ensemble des besoins de production à un endroit donné. C’est de la même façon la diversité des acteurs économiques dans les processus de coopération qui permet d’en assurer l’efficacité.

Ces principes agissent en synergie : ils forment des boucles de rétroaction positives qui expliquent la rentabilité économique de ces systèmes et que nos outils d’ananlyse mettent facilement en évidence quelque soit le secteur d’activité.

Une économie relocalisée : la territorialisation optimale des flux

Cette économie relocalise les flux de matière et d'énergie. Parce qu’elle se fonde sur la productivité des écosystèmes et optimise l’énergie, elle a tendance à rapprocher les centres de consommation et de production, à raccourcir les circuits pour obtenir des produits de meilleure qualité à des prix plus bas. Elle rationnalise ainsi les coûts en créant des pôles multifonctionnels plutôt que des espaces spécialisés et éloignés. De la même façon, le rapprochement des acteurs est une condition sine qua non pour améliorer la transmission des connaissances et des données. Ce rapprochement est géographique mais il peut être aussi dématérialisé via l’utilisation croissante des échanges par réseaux sociaux unis par des intérêts communs.