Commission Stiglitz-Sen
La Commission Stiglitz-Sen, du nom de son président Joseph Stiglitz et d'Amartya-Sen, est née d'une proposition du président français Nicolas Sarkozy le 8 janvier 2008. Elle est officiellement intitulée « Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social ». Le but de cette commission est de développer une « réflexion sur les moyens d'échapper à une approche trop quantitative, trop comptable de la mesure de nos performances collectives » et d'élaborer de nouveaux indicateurs de richesse.
Organisation
La commission est divisée en trois sous-groupes de travail :
- "Questions classiques de mesure du PIB" présidé par Enrico Giovannini de l'OCDE
- "Environnement et développement durable" présidé par Geoffrey Heal de Columbia University
- "Qualité de la vie" que préside Alan B. Krueger de Princeton University
Plusieurs rapports intermédiaires de la commission Stiglitz sont depuis le 3 septembre 2008 accessibles en ligne, en anglais et en français, sur un site ouvert à cet effet.
Premières critiques
Une première version des conclusions de la Commission Stiglitz a été mise en ligne en juin 2009. Au même moment, une première note soulignant ses apports et critiquant tant la méthode de travail "très opaque" de la Commission que les limites de ses propositions a été publiée par le Forum pour d'autres indicateurs de richesse.
Dans l'article publié par Le Soir en Belgique, le Forum pour d'autres indicateurs de richesse reconnait l'apport des conclusions de la Commission, à savoir "la remise en cause du PIB en tant qu’indicateur de performance et de progrès. [...] le PIB, centré sur la production et la consommation marchandes et monétaires, ne prend en compte que certaines activités, ignore les effets prédateurs du productivisme et de la dérégulation sur la vie sociale et sur l’environnement. Il compte positivement des activités néfastes ou qui ne font que réparer des dégâts d’origine humaine. Il est indifférent à la mise en cause des biens communs vitaux (eau, air, sol…) et à la violation des droits fondamentaux de milliards de personnes qui en résulte. Il a été incapable de nous alerter sur l’existence et l’aggravation des crises sociales, écologiques, économiques et financières. Il nous a aveuglés et rendus collectivement insensibles aux dérives de notre modèle de développement."
En revanche, bien que saluant "cette avancée notoire en termes de diagnostic", il met en cause nettement l'indicateur privilégié par la Commission Stiglitz pour pallier les insuffisances du PIB. Leur rapport, selon ce collectif, "survalorise l’Épargne nette ajoutée (ENA) issue des travaux de la Banque mondiale. Or, cet indicateur est à bannir des futurs repères-clefs. Il est exclusivement monétaire, incompréhensible pour les non-spécialistes, inadapté à la décision politique, inacceptable dans sa façon de rendre interchangeables trois formes de capital : « économique » (issu de la production), « humain » (abordé via les seules dépenses d’éducation), « naturel » (limitant les dommages écologiques aux seuls aspects climatiques)." Les grands traits du rapport final [modifier]
La commission a présenté son rapport final et ses travaux lors d'une journée à la Sorbonne le 14.09.2009. Le président Nicolas Sarkozy a effectué à cette occasion une allocution remarquée. Enfin les professeurs Fitoussi et Stiglitz ont effectué une conférence de presse sur les indicateurs et la situation économique.
Le rapport semble s'orienter vers un tableau de bord regroupant plusieurs indices autour de trois grands axes :
- Axe économie avec une amélioration de la façon de calculer le PIB
- Axe bien-être. Avec une évaluation tant au niveau subjectif (ce que pensent les gens) que objectif avec prise en compte de la consommation, de la répartition des revenus etc... En France, L'INSEE commence à s'engager dans cette voie et a publié le 17 novembre 2009 des données sur les inégalités[6]. Elle compte présenter l'an prochain des analyses sur les très haut revenus, le mal-logement ou le capital humain [7]
- Axe soutenabilité du développement avec deux grands angles d'approche :
o Indicateur monétaire synthétique de soutenabilité o Des indicateurs physiques « dont l'un d'eux indique clairement dans quelle mesure nous approchons de niveaux dangereux d'atteinte à l'environnement »[8](cas du changement climatique ou des ressources halieutiques par exemple)
Composition
Parmi les membres de cette commission, figurent notamment cinq prix Nobel [9] :
- Kenneth Arrow, Stanford, prix Nobel d'économie,
- Daniel Kahneman, Princeton, prix Nobel d'économie,
- James Heckman, Chicago, Prix Nobel d'économie,
- Amartya Sen, Harvard, prix Nobel d'économie,
- Joseph Stiglitz, Columbia, prix Nobel d'économie,
- Tony Atkinson, Nuffield College, Oxford,
- François Bourguignon, directeur de l'École d'économie de Paris,
- Jean-Philippe Cotis, directeur de l'INSEE,
- Kemal Dervis, PNUD,
- Jean-Paul Fitoussi, président de l'OFCE, coordinateur de la commission,
- Jean Gadrey, Université de Lille I,
- Heiner Flassbeck, CNUCED,
- Enrico Giovannini, chef statisticien de l'OCDE,
- Roger Guesnerie, Collège de France, Paris
- Nicholas Stern, London School of Economics