Justice environnementale

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L’économie classique ne prend pas en considération les limites de l’espace et des ressources naturelles. L’économie environnementale intègre l’environnement dans le marché, ce qui n’apporte pas non plus de solution. L’économie écologique accepte les limites de l’espace environnemental et intègre la nécessité de sa distribution équitable entre les communautés et les peuples, ainsi qu’entre les générations (Joan Martinez Alier, 1994).


Définition

La justice environnementale se réfère au partage équitable de l’espace écologique mais aussi à l’effort d’éviter les dommages fr/écologiques, et s’il y en a, à leur compensation ou réparation. Ce n’est pas seulement une question éthique mais aussi une question politique et juridique. En dernier recours, c’est une question d’intelligence et de capacité à anticiper.

La justice environnementale est le traitement écologique et la participation significative de toutes les personnes indépendamment de leur race, couleur, origine nationale, culture, éducation ou revenu en relation avec le développement et l’application des lois, règlements et politiques relatives à l’environnement.

Le traitement écologique signifie qu’aucun groupe de personnes, y compris les groupes raciaux, ethniques, ou socioéconomiques, ne doit supporter de façon disproportionnée le poids des conséquences environnementales négatives comme résultat d’opérations industrielles, municipales et commerciales ou l’exécution de programmes environnementaux et de politiques au niveau fédéral, d’un état, local ou tribal.


Historique

Le concept de justice environnementale surgit des luttes du Mouvement Noir aux Etats-Unis. A partir de l’apprentissage de la lutte pour les droits civils dans les années 60, les groupes organisés de défense des populations non anglo-saxonnes commencèrent à percevoir de façon intuitive et ensuite de manière systématique, que les activités les plus polluantes et causant le plus de dégâts environnementaux avait une distribution intentionnelle dans le territoire états-unien. Elles se concentraient, de fait, dans les régions et quartiers où la population était en grande partie noire, indigène ou latino-américaine. Ce « racisme environnemental » démontrait la cohérence entre les inégalités sociales et les inégalités environnementales, avec pour conséquence que les populations exclues et marginalisées recevaient une partie disproportionnée de l’impact environnemental créé par le système socio-économique. Les classes dominantes, bien qu’elles soient pour la plupart responsables de cet impact, en raison de leurs modèles de consommation et de production non durables, « se protégeaient » de la dégradation, en dirigeant ses effets vers l’espace collectif et dans les territoires occupés par les secteurs non anglo-saxons de la population.

L’opération conceptuelle innovante consista à penser l’environnement non seulement en termes de conservation, mais aussi en termes de droits et de justice. L’idée centrale était que tous les citoyens ont droit de la même façon à un environnement sain, étant considéré comme injuste toute structure ou processus qui dirige la dégradation ou les risques environnementaux vers les secteurs vulnérables de la population, du point de vue social et économique. Cette dégradation, quand elle est inévitable, doit être distribuée de manière équitable entre les différents secteurs de la société. Dans ce sens, le mouvement contre la destruction et la dégradation environnementale a été considéré comme un espace de lutte démocratique et d’affirmation de l’universalité des droits humains.


"QUAND des pollueurs recherchent des sites pour leurs déchets, ils privilégient les populations les plus vulnérables. Mais ce choix a eu, aux Etats-Unis, un effet inattendu : il a permis, au nom de la « justice écologique », l'ébauche d'une alliance entre divers groupes pris pour cible, parfois peu habitués à travailler ensemble (Noirs, Indiens, pauvres, écologistes, militants ouvriers). Ce rassemblement constitue un terrain de lutte prometteur pour ceux qui refusent un horizon économique se réduisant au retraitement des résidus toxiques et à l'industrie du casino"

LE MONDE DIPLOMATIQUE- FÉVRIER 1998 - Pages 6 et 7

Justice environnementale et la notion de dette écologique

En termes plus généraux, la justice environnementale est essentielle pour le développement socioéconomique. L’appropriation de la plupart des ressources naturelles par les pays les plus riches et le caractère limité de ces ressources, ainsi que de la capacité d’absorption de la Terre, ne laissent que peu de ressources disponibles pour les peuples les plus pauvres. Elle empêche que ces peuples puissent développer leurs économies de façon juste et durable pour répondre à leurs besoins fondamentaux (qui sont des droits intrinsèques de la condition humaine) et de mettre en place les conditions pour leur développement social et humain. Cette surexploitation du milieu naturel, dans des conditions de domination des uns sur les autres, détermine une dette écologique qui continue à s’accumuler.

De la même façon que le travail des esclaves utilisé pour extraire une grandes quantité de ressources naturelles et humaines des pays du Sud représente une dette sociale historique qui doit être reconnue et prise en compte pour être compensée.

Voir aussi


Liens externes


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